L’Interruption Volontaire de Grossesse, c’est quoi ?
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un acte médical qui permet d’arrêter volontairement une grossesse en expulsant l’embryon ou le fœtus hors de l’utérus.
L’IVG a été officiellement légalisée en France le 1er janvier 1980, et est remboursée par la Sécurité sociale depuis le 31 décembre 1982.
Il existe deux types d’IVG :
- L’IVG chirurgicale consiste à dilater le col de l’utérus (avec la prise d’une antiprogestérone 48 heures avant l’intervention) et à évacuer son contenu par aspiration. Cet acte chirurgical se pratique sous anesthésie générale ou locale. L’IVG chirurgicale peut être réalisée jusqu’à 14 semaines d’aménorrhée.
- L’IVG médicamenteuse se pratique via l’association d’une antiprogestérone (mifépristone) et d’une prostaglandine 36 à 48 heures après (misoprostol ou géméprost). L’IVG médicamenteuse est possible jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée. Cette méthode comporte un risque d’échec (dans ce cas il faut recourir à l’IVG chirurgicale).
Entre le 14ème et le 21ème jour, que ce soit après une IVG médicamenteuse ou chirurgicale, une consultation de contrôle est organisée.
*Ces informations ne sont pas complètes, je vous recommande de vous tourner vers un.e médecin,
un.e sage-femme ou encore le planning familial qui pourra répondre à toutes vos questions.
L’IVG en France en 2018
Source : drees.solidarites-sante.gouv.fr
224 300
interruptions volontaires de grossesse
25%
des IVG sont réalisées hors d’une structure hospitalière
69%
des IVG pratiquées sont médicamenteuses
L’ivg, un sujet encore tabou
Je n’ai pas pour habitude de raconter ma vie, mais cet article, je le sens, est une nécessité. Une nécessité pour moi, parce que l’IVG a été un bouleversement dans ma vie, et l’écriture m’a toujours aidé à traverser les épreuves difficiles. Une nécessité pour vous, peut-être. Vous qui ne comprenez pas pourquoi on prend cette décision. Vous qui vivez ou avez vécu une IVG et qui vous sentez seul.e. Vous qui n’avez pas trouvé de témoignages sur ces personnes qui décident de mettre fin à une grossesse parce qu’il n’y a aucun désir d’enfant.
Parce que c’est de cette réalité que j’ai envie de vous parler. J’ai lu beaucoup de témoignages de femmes ayant choisi l’IVG, mais dans la majorité des cas, la raison était une question de timing (pas la bonne situation, pas de stabilité financière, pas la bonne personne avec qui élever un enfant…). C’est vrai, il y a mille et une raisons pour lesquelles on souhaite faire une IVG. Ne pas vouloir d’enfant, ni maintenant, ni jamais, ça en fait partie, et pourtant on en parle très peu.
De base, on parle très peu d’IVG, parce que c’est un sujet tabou. L’IVG a beau être reconnu par la loi en France, elle est constamment remise en question. Comme tous les droits des femmes et des personnes faisant partie des minorités d’ailleurs.
Vous verrez que j’évite au maximum d’utiliser les mots « avorter » et « avortement » car ils ont pour moi une connotation négative. Quand on regarde dans le dictionnaire des synonymes, on comprend qu’avorter, c’est échouer, foirer, louper, manquer, rater. A vrai dire, cela reflète bien notre société actuelle. Aujourd’hui quand on pratique une IVG, cela est perçu comme un « manquement » à son devoir de procréer. Un « loupé » qu’il faut absolument justifier. Justifier auprès de qui ? De la famille, des ami.e.s, du corps médical… Comme c’est épuisant de se justifier ! Parce que se justifier, ça implique qu’il y ait de bonnes et de mauvaises raisons de faire une IVG. Et que ce sont les autres, qui sont à même d’approuver moralement ou non votre choix.


J’ai fait une ivg parce que je suis childfree
J’ai 28 ans, je suis en couple depuis 7 ans avec un homme que j’aime et qui m’aime. Je suis tombée enceinte par accident et j’ai décidé de pratiquer une IVG. Pas parce que je n’ai pas une situation stable, pas parce que ce n’est pas le bon moment, mais parce que je ne veux pas d’enfant, tout simplement.
Je me suis souvent dit qu’en tombant enceinte par accident, j’aurais un déclic, un désir qui naîtrait en moi, mais force est de constater que c’est loin d’être le cas. Lorsque j’ai fait le test de grossesse et que celui-ci s’est révélé positif, je me suis retrouvée dans un état de détresse émotionnelle proche de la crise d’angoisses avec des sanglots à n’en plus finir. Il m’a d’ailleurs fallu 45 minutes pour réussir à sortir des toilettes afin de trouver du réconfort auprès de mon compagnon qui était en train de dormir. Et les deux jours qui ont suivi ont été rythmés par les larmes, la fatigue, le dégoût, la colère, la peur…
Je n’ai jamais eu ce désir d’être enceinte ou d’avoir des enfants. Non pas que je n’aime pas les enfants, mais il ne se passe rien dans mon cœur quand je croise un bébé (alors que je fonds d’amour dès que je vois un chaton). D’ailleurs, je n’ai jamais eu cette fibre bébé. Présentez-moi votre enfant et vous verrez vite à quel point je suis mal à l’aise.
Le problème c’est que ce « non désir » d’enfant est très pesant au quotidien et encore plus quand on y est confronté directement. On a l’impression de ne pas être comme tout le monde, les autres vous répètent sans cesse que vous allez rater quelque chose, que c’est incroyable de fonder une famille, que ça change la vie. Mais moi, justement, je ne veux pas changer de vie. Ma vie, elle me convient comme elle est. Mais que c’est dur d’être et de se revendiquer childfree* dans cette société !
*Une personne childfree est une personne qui choisit volontairement de ne pas avoir d’enfants – qui n’a pas de désir d’enfants.
Alors je me pose des questions, je cherche ce qui cloche chez moi. Mais je me rends compte que toutes les questions que je me pose sont finalement légitimes. C’est vrai que je ne peux imaginer avoir un enfant sans penser à tout ce que cela implique. Je ne veux pas transmettre mes névroses, mon patrimoine génétique, ma maladie. Je ne veux pas imposer une existence incertaine dans un monde incertain. Je ne veux pas sacrifier ma liberté, mon énergie, mon temps. Je ne veux pas de cette responsabilité. Je ne veux pas, pourtant je m’en veux parfois de ne pas vouloir, parce que mon partenaire, lui en rêve.
Alors, si le choix de l’IVG a été rapide et évident pour moi, cela n’en reste pas moins un bouleversement. Un bouleversement physique parce que mon corps a commencé à changer et parce qu’il a souffert. Mais également un bouleversement psychologique, parce que ça m’a freiné dans mon travail, parce que ça m’a freiné dans mes rapports avec les autres, parce que je ne pensais presque tout le temps qu’à ça et que tout autour de moi était propice à m’y faire penser. Je voulais désirer cet enfant mais plus que tout, je voulais que ça s’arrête. Depuis la confirmation de la grossesse jusqu’à l’IVG, il s’est passé de nombreux jours qui m’ont paru des mois, et ma vie s’est comme arrêtée. Une pause dont je me serais bien passée et que j’espère ne jamais revivre.


Les étapes de mon IVG médicamenteuse
Attention, mon témoignage comporte des détails qui peuvent heurter votre sensibilité ou vous faire revivre un traumatisme. N’hésitez pas à arrêter la lecture maintenant.
Après avoir fait le test de grossesse, j’ai appelé l’hôpital (une fois remise de mes émotions) pour faire une IVG et quand on m’a demandé quelle méthode je préférais, j’ai tout de suite répondu la médicamenteuse qui me semblait moins contraignante.
J’ai attendu 11 jours exactement avant d’avoir une consultation. Si vous n’êtes pas sûr.e de vous, je vous conseille quand même de prendre rapidement rendez-vous car les établissements et centres de santé sont parfois vite saturés. Clairement, l’attente ça a été le pire pour moi. Je suis devenue parano, je me disais que ça allait être trop tard pour la méthode médicamenteuse, j’avais peur de devoir attendre encore une semaine après la consultation pour avoir mon IVG et surtout le combo nausées + douleurs + fatigue + chaleur a été très pénible à vivre. Entre temps, il fallait que je fasse une prise de sang pour confirmer la grossesse et que je demande un courrier à mon médecin traitant. Ce dernier a été parfait avec moi, il ne m’a pas posé de questions dérangeantes, il m’a bien rappelé que ce qui comptait c’était ce que je ressentais et qu’il ne fallait surtout pas écouter les autres. Cela m’a fait beaucoup de bien. Il n’empêche que plus le jour de la consultation approchait et plus j’angoissais.
La consultation
Le jour de la consultation est enfin arrivé. Après deux heures d’attente, j’ai enfin pu voir la médecin, accompagnée de mon chéri. La consultation a été plus rapide que ce que je pensais et la doc a été très respectueuse. Elle m’a d’abord posé des questions d’ordre médical pour remplir mon dossier (antécédents médicaux, chirurgie, allergies, etc.) et m’a demandé comment j’étais tombée enceinte (pour les statistiques j’imagine). Elle ne m’a pas demandé pourquoi je souhaitais faire une IVG, seulement si j’étais sûre de mon choix et elle ne m’a pas fait la morale sur la contraception. Elle a ensuite fait une petite inspection de mon utérus puis une écho pour savoir exactement de combien de semaines j’étais enceinte. La doc a dû réaliser l’écho par sonde pour une meilleure visualisation mais ça n’a pas du tout été douloureux. Verdict : 5 semaines de grossesse. Elle m’a ensuite expliqué la différence entre les deux méthodes d’IVG et m’a conforté dans mon choix. Ce fut un soulagement de savoir que je pouvais encore choisir la méthode médicamenteuse. Mais j’ai surtout été soulagée de savoir qu’au vu de la taille de l’embryon, je ne le verrais probablement pas s’expulser (il mesurait 2 mm), car j’avais peur d’avoir un choc à ce moment-là. A la fin de la consultation, j’ai donc pris l’antiprogestérone (3 comprimés) puis un rendez-vous pour une hospitalisation (une demi-journée) 48 heures plus tard pour prendre la prostaglandine. Après la consultation, une psychologue était à notre disposition si nous en ressentions le besoin. N’ayez jamais honte de devoir consulter un.e psy que ce soit avant, pendant ou après votre IVG.
Le jour de l’IVG
J’avais rendez-vous à 8h30 à l’hôpital. 1 heure avant, il faut manger et prendre de quoi soulager les futures douleurs (doliprane, spasfon, etc.). Il faut mettre des vêtements confortables, en prendre de rechange au cas-où, et apporter des protections menstruelles. J’ai donc enfilé un pantalon de jogging, un t-shirt, pris un petit stock de culottes menstruelles pour être super à l’aise et même ma bouillotte car je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en termes de prise en charge, de douleurs ou encore de saignements.
Bon déjà, je vous le dis tout de suite, oubliez les protections réutilisables. La sage-femme a besoin de vérifier vos saignements et croyez-moi, des saignements il va y en avoir. Je me suis donc retrouvée en culotte jetable et avec une serviette très très épaisse…
Elle m’a ensuite accueilli dans la chambre et m’a donné le fameux comprimé qui déclencherait la « fausse couche ». Ce comprimé il faut le laisser fondre sous la langue et devinez quoi, c’est pas très bon et c’est long à fondre ! Pour la suite, elle m’a expliqué qu’on ne peut pas savoir comment vont être les douleurs (qui s’apparentent à des douleurs de règles) ou les saignements ni combien de temps cela met à se déclencher. Cela peut prendre du temps comme ça peut être très rapide. En tout cas, pour accélérer les choses, la sage-femme m’a dit que le mieux était de marcher dans la chambre, de ne pas rester statique. Moi qui croyais que j’allais pouvoir regarder un film tranquillement allongée dans le lit…
La veille j’avais déjà pas mal de douleurs dans le bas ventre, juste comme avant les règles, et de très légers saignements. À l’hôpital avec l’angoisse en plus (et ma maladie) j’ai tout de suite eu assez mal à l’utérus et dans le bas du dos, bien avant que le comprimé soit complètement fondu. Il était impossible pour moi de rester trop longtemps debout, et j’ai tout de suite eu une bouillotte. Au bout d’une heure trente de spasmes intenses (et de diarrhée à cause du comprimé), j’ai fini par demander un anti-douleur à la sage-femme qui m’a tout de suite calmé. Je me suis donc levée pour marcher et c’est là que c’est arrivé.
Honnêtement, je ne m’attendais pas à ça, mais l’expulsion de l’embryon c’est bien un gros plouf dans la culotte. D’ailleurs, la serviette n’a servi à rien, si ce n’est à retenir le sang et l’embryon. Vu l’épaisseur du sang, la serviette ne peut pas l’absorber. A ce moment-là, je cours aux toilettes avant d’en avoir partout dans mon pantalon (j’aurais mieux fait de mettre une robe ou une jupe) et j’appelle la sage-femme afin qu’elle puisse vérifier que tout a bien été expulsé. Je n’avais pas trop de doute, car j’ai pu voir distinctement l’embryon. En fait, même s’il ne mesurait que 2 mm, il était accompagné de toute sa poche (qui aurait été le futur placentas) et à vrai dire, on ne peut pas le louper ! Bizarrement, ça ne m’a pas choqué, ça m’a plutôt soulagé de le voir. La sage-femme m’a confirmé que tout avait bien été expulsé et donc qu’il n’était pas nécessaire de faire une échographie en plus.
S’il y a bien une chose que je peux vous conseiller, c’est vraiment de marcher un maximum pour accélérer l’expulsion et de ne pas attendre pour demander un anti-douleur si vous avez trop mal. Une fois l’embryon expulsé, les douleurs s’atténuent énormément.
Je me suis ensuite changée pour mettre une nouvelle culotte jetable et serviette menstruelle et me suis remise à marcher. Le but étant de faire descendre les caillots de sang qu’il reste, car oui on perd encore pas mal de sang à cette étape. Avant de partir, on m’a laissé un petit document avec quelques explications sur les consignes à suivre et j’avais le choix entre un rendez-vous de suivi dans 15 jours ou une prise de sang dans 1 mois (j’ai choisi la prise de sang). Je suis sortie de l’hôpital à 14h30, épuisée mais bel et bien soulagée.
Les consignes à suivre :
- pas de bain ni baignade pendant 10 jours
- pas de protection menstruelle interne pendant 10 jours (tampon, cup, éponge)
- pas de relation sexuelle avec pénétration pendant 10 à 15 jours
Après l’IVG
Pendant les heures et les jours qui suivent (7 à 15 jours), on a donc des saignements (parfois avec des caillots) qui s’estompent au fur et à mesure et on a exactement les mêmes douleurs que pendant les règles. Les saignements au début sont quand même assez abondant, donc il faut avoir de bonnes protections. Personnellement, deux culottes menstruelles la journée et une la nuit m’ont suffit les deux premiers jours. J’ai eu des saignements pendant une dizaine de jours, puis tout est rentré dans l’ordre.
Avec cet article, je ne cherche pas l’approbation, ni même le réconfort. Je veux juste vous partager mon histoire, puisse-t-elle servir ne serait-ce qu’à une seule personne.
Je sais que certaines personnes vivent une situation familiale violente et qu’il n’est donc pas toujours simple de pratiquer une IVG. Tout se fait alors dans le plus grand des secrets et dans la plus grande des solitudes. J’espère de tout cœur que vous aurez affaire à des personnes compétentes, bienveillantes et que vous pourrez trouver du soutien.
Je tiens également à remercier toutes les personnes qui se sont battues et qui se battent encore aujourd’hui à travers le monde pour le droit à l’IVG ♡
En tout cas, n’oubliez jamais que toutes les raisons de faire une interruption de grossesse sont de bonnes raisons, si c’est VOTRE CHOIX et que c’est normal de se sentir mal, même si l’IVG était une évidence pour vous.
Your body, your choice, your right.
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