Après nous être intéressées au « Pourquoi » en cuisine, et au système de valeurs, il est important de s’attarder sur un point essentiel dans toute activité : la motivation. Parfois on est motivé, parfois on ne l’est pas. Comme le temps, c’est changeant !
Les raisons de la motivation
Concrètement et simplement, la motivation est ce qui nous pousse à faire quelque chose ou atteindre un but. Souvent confondue avec une émotion ou un état d’être, il est vrai que l’on parle souvent de la motivation comme d’un graal à obtenir : soit « je suis motivée » et cela me permet de passer à l’action, soit je m’estime « démotivée » et je procrastine, je n’arrive pas à accomplir mes objectifs. Un peu comme si la motivation était la pièce manquante d’un puzzle et la responsable de notre succès… ou de notre inaction.
Finalement, nous sommes en droit de nous interroger sur cette définition très large de la motivation : « ce qui pousse à faire quelque chose ». Mais quelle est cette « chose » qui nous « pousse » à l’action ? D’où vient cet élan, ce mouvement intérieur ?
Il faut savoir qu’avec l’action arrive la motivation, c’est-à-dire que bien souvent, l’action précède la motivation, surtout au début des nouvelles résolutions. Cela peut paraître très contre-intuitif, et pourtant…
Par exemple, quelqu’un qui ne cuisine pas ou peu et se dit « j’ai envie de me mettre à cuisiner » pour telle ou telle raison (mieux manger, se sentir mieux dans son corps, économiser…) mais je manque de motivation, je ne sais pas par où commencer, je n’ai pas envie de passer 3h en cuisine car je suis fatiguée… En réalité, ici, l’on voit bien que ce qui « motive », c’est l’objectif (la raison) et pas nécessairement l’action en tant que telle au début.
Notre cerveau est calibré pour obtenir des récompenses immédiates plutôt que différées
Comme lorsque l’on commence un nouveau hobby et que l’on ne sait pas grand-chose, on se sent perdue, frustrée… La guitare par exemple, au commencement, nous ne sommes pas très douée, cela sonne faux, on a le bout des doigts douloureux avec les cordes, on ne peut pas jouer grand-chose… Ce n’est pas toujours une partie de plaisir au tout début, et c’est encore plus difficile pour certains lorsqu’il s’agit de se remettre à quelque chose qu’ils ont déjà fait et maîtrisé avant, car on se dit « je dois tout recommencer de zéro ». Sauf qu’on ne recommence jamais de zéro ! C’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas.
Il est aussi intéressant de rappeler que notre cerveau est calibré pour obtenir des récompenses immédiates plutôt que différées. Ainsi, même si je veux me mettre à la cuisine, ce qui peut être perçu comme une contrainte ou un effort (trouver une recette, sortir les ingrédients, le ménage après) est immédiat, et la récompense différée (la fierté de l’avoir fait, la récompense de manger et partager notre plat).
A l’inverse, si je décide de ne pas cuisiner, commander quelque chose, ou me faire un plat préparé, la récompense est immédiate (plaisir, réconfort, gain de temps…), mais la contrainte arrive après (le dialogue interne d’auto-critique et de jugement : je suis nulle, je n’arrive pas à me motiver, j’aurai dû cuisiner, je regrette… voire des soucis de santé qui peuvent se développer si l’alimentation en question n’est pas saine et que ce comportement est quotidien : ballonnements, reflux, cholestérol, carences…).
C’est un cercle vicieux car cet auto-jugement va contribuer à miner l’estime et la confiance en soi, et diminuer notre capacité à passer à l’action la prochaine fois. On finit par se dire « de toute façon je ne m’y mettrai jamais, ce n’est pas pour moi », renforçant ainsi la croyance – erronée et limitante – qu’il y a d’un côté les gens qui cuisinent, et de l’autre, ceux qui ne cuisinent pas.
Plus on s’identifie à un certain groupe, plus notre inconscient va chercher à valider cette croyance dans la réalité
Le souci avec les croyances identitaires, c’est que plus on s’identifie à un certain groupe, plus notre inconscient va chercher à valider cette croyance dans la réalité. En effet, comme l’inconscient a besoin de cohérence entre ce qu’il est et ce qu’il fait, il empêchera tout nouveau comportement qui pourrait remettre en cause cette croyance. Cela donne lieu à ce que certains appellent l’auto-sabotage (« j’ai envie de faire ceci, mais je n’y arrive pas, je me sens bloquée »).
En réalité, le terme d’auto-sabotage est erroné, puisque l’inconscient ne se sabote pas, au contraire, il vous donne exactement ce que vous voulez… Il met en place des comportements en accord avec vos croyances !
Ainsi, si je pense que je ne suis pas quelqu’un qui cuisine, alors mon inconscient va se dire que ce n’est pas possible que je me mette « vraiment » à cuisiner. Et même si j’arrive à cuisiner de temps en temps, je continuerai à justifier cela en me disant « ce n’est pas parce que je cuisine une fois par semaine que je suis quelqu’un qui cuisine », « ce n’est pas assez », « c’est exceptionnel », « je ne ressemble pas à ceux qui cuisinent » etc.
Découvrez le dossier complet
Épisode 1. Leçon n°1 : pourquoi je n’arrive pas à me mettre à cuisiner ?
Épisode 3. C’est décidé, je me mets à cuisiner : L’ennui et le pouvoir du langage transformationnel
Épisode 4. C’est décidé, je me mets à cuisiner : L’échec et l’apprentissage par niveau
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